Mercredi 30 juillet

Qui veut voyager loin, change souvent de monture.

Aujourd’hui, nous nous sommes levés tôt pour arriver à l’embarcadère où un boat people amène chaque jour des dizaines de milliers de touristes visiter cette statue vaguement connue qui celle de la Liberté. Nos efforts furent couronnés de succés car on ne fit quasiment pas de queue, ce qui est un exploit tant la foule est massive à cet endroit. L’endroit est spectaculaire, le temps était radieux. C’était très agréable et Cécile a pu se lâcher dans ses délires photographiques (258 photos rien qu’aujourd’hui…).

Puis retour sur le boat people pour visiter Ellis Island là où plus de 12 millions d’immigrants sont passés avant d’entrer aux Etats Unis. Ils ont fui l’Europe, la misère, les dictatures, les génocides, les persécutions religieuses, les cuisses de grenouille à l’ail pour enfin trouver ce pays tout de sucre et miel, où prospérité rime avec liberté et hamburgé. C’est du moins ainsi que le film vaguement de propagande présente les événements à tous les touristes affligés par tant de haine. Etonnant… Ce qui n’était pas le cas du bâtiment plutôt banal avec une expo plutôt médiocre.

Mais le grand moment arrivait, l’adrénaline montait, les hélicoptères faisaient entendre leurs pales. C’était le grand départ : le survol de Manhattan en hélico. Clément et moi laissions Cécile et Paul partir. Nous étions comme ces horribles Européens qui laissaient partir leur famille pour un pays dont ils ne reviendraient peut-être pas. Clément avait su toutefois compenser l’angoisse de la séparation en engouffrant une gaufre chocolat-chantilly acheté à un food truck juste devant Wall Street (eh oui dès que je peux éblouir, je n’hésite pas…). Cécile et Paul n’étaient pas fiers au départ mais souriants et un peu chancelants à l’arrivée. Ce fut sans doute une expérience extraordinaire que nous ne pouvons vivre qu’à travers les photos de Cécile.

Les émotions fortes ne pouvaient s’arrêter là. Direction l’ouest de Manhattan pour prendre un nouveau bateau : The Beast (la bête !!). Un hors bord où une quarantaine de personnes sont secoués, arrosés et vont à fond sur l’Hudson River. On n’a pas été déçu du voyage. The Beast est joueuse, elle zigzagait et les remous retombaient sur le bateau. Nous étions trempés. Tout ça au rythme d’une musique techno à fond et des compagnons de voyage Australiens hurlants. Un animateur de The Beast assurait le spectacle en lançant sur les filles un faux cafard en plastique. Ca ne rata pas. Cécile hurla. Puis il fit mine de nous jeter des seaux d’eau avant de nous tirer dessus avec un fusil à eau. Un voyage éprouvant mais très marrant. Comme a dit Clément en sortant :

« C’est le plus beau jour de ma vie. Bon, d’accord, elle est pas très longue mais quand même. On y retourne ou on va manger ? »

On opta prudemment pour la deuxième solution. Direction Broadway et un resto prés des théâtres réputé pour proposer les meilleurs cheesecakes de New York. Les fameux « gateaux au fromage » comme nous l’a dit en Français notre serveur Terence (ils se présentent toujours à nous avant de nous servir, coutume amusante). Mais pour commencer on a pris des hamburgers géants pour bien montrer qu’on avait retenu la leçon d’Ellis Island. Aujourd’hui était la fête nationale des cheesecakes (on oublie trop souvent de la fêter…) et ils étaient à moitié prix et effectivement énorme et délicieux. On grossit tranquillement mais surement depuis qu’on est ici...

En rentrant en métro, un fou qui parlait tout seul alla se mettre debout face à Clément qui était assis à côté de Cécile. En sortant Clément me dit :

« T’as vu le monsieur, il parlait à ses chaussures.

- Elles lui répondaient ? lui demandai-je

- Je sais pas, je parle pas Anglais. »

On est rentré et tout le monde dort déjà grâce à Paul qui a menacé son frère des pires sévices s’il ne se taisait pas. Ca a marché pour ce soir.

Les photos seront donc pour vous, infâmes Européens, en fin d’après midi demain.

Comments

[didier]

"On est rentré et tout le monde dort déjà grâce à Paul qui a menacé son frère des pires sévices s’il ne se taisait pas."



Dommage que Clément ne parle pas encore anglais : il aurait pu continuer à babiller sans que son frère l'entende.