Vendredi 25 juillet

Ballade à choix multiples.

  La journée s’annonçait bien. A peine sortis de l’appartement, nous avons été interpelés par un balayeur de la ville qui nous annonça que le temps était radieux et qui finit par un inspiré « God bless you » (« Que Dieu vous bénisse »).  C’est donc sous les meilleures auspices religieuses que nous sommes allés au Metropolitan Museum of Art (l’équivalent du Louvre). Et on n’a pas été déçu. Car comme a dit le grand philosophe Michel Sardou :  « Si les Ricains n’étaient pas là, on serait en Germanie » mais il a oublié de préciser avec quand même une collection de tableaux nettement plus spectaculaires. Car ils ont tout pris : des salles entières de Monet, des montagnes de Gauguin, un monceau de Pissaro, de Seurat, de Toulouse Lautrec, de tous les impressionnistes ayant osé toucher un pinceau en France. A tel point que Clément me hurla dans une salle avec toute sa dicrétion si touchante : « Papa, j’ai enfin trouvé des tableaux pas Français . ». C’était la salle des Van Gogh (et pas les plus laids…). Un musée avec un tel tas de chefs d’œuvre c’en est presque gênant…

  Toujours prompte à éveiller chez nos enfants un goût artistique sûr et une éducation religieuse solide (« God bless Cécile »), ma prof préférée expliquait une descente de croix du Moyen Age à Clément. C’est alors que le gardien de la salle voulut mettre son grain de ketchup dans l’analyse picturale brillante de Cécile et il expliqua à Clément :

« Tu sais Jésus c’était un chic type très courageux mais personne ne l’aimait alors ils l’ont tué à 33 ans.  Tu vois, y a sa maman qui pleure à côté de lui. »

L’exégèse était brève mais brillante (bon d’accord la dame qui pleurait à côté était Marie Madeleine mais qui aujourd’hui s’arrête à ce genre de détail ?) et montre à quel point les Américains sont concernés dès que l’on s’intéresse à Jésus. Clément aussitôt demanda :

« Oui mais avant quand Jésus était bébé, il ne savait pas qu’il était Dieu. C’est qui qui lui a dit ? »

Cécile renonça à traduire la question de peur que le gardien exégète ne parte en vrille et vire toute notre sainte famille du musée. On ne rigole pas avec Jésus ici.

Après une visite assez approfondie mais partielle du musée (qui est immense comme tout  ce qui est Américain, l’ai-je déjà dit ?), nous décidâmes d’aérer les enfants et de partir pour une croisière sur l’Hudson River autour de Manhattan. Les panoramas étaient magnifiques (Cécile a pris des centaines de photos, qui aura droit à sa soirée diapos à notre retour ?). Les enfants ont adoré jouer avec un pigeon qui s’était égaré sur le bateau et qui n’osait plus partir.

Pour rentrer, on a pris le métro mais pas la ligne habituelle. Evidemment, arrivés à Harlem, on s’est perdu et on a erré dans le quartier pendant plus d’une heure. La nuit commençait à tomber, les jeunes étaient tous dehors, les gens faisaient des barbecues dans la rue, d’autres parlaient tout seuls, d’autres ivres morts étaient allongés un peu partout. On ne faisait pas les fiers.  C’est avec un certain soulagement que l’on retrouva l’appartement sains et saufs. Comme quoi, Harlem c’est sympa, surtout le matin.

God bless you.

Comments

[didier]

"qui aura droit à sa soirée diapos à notre retour ?"



J'espère bien ne pas y échapper.

[didier]

(bon d’accord la dame qui pleurait à côté était Marie Madeleine mais qui aujourd’hui s’arrête à ce genre de détail ?)



Faut être indulgent : tout le monde ne connaît pas Commercy, à New York.

[Sandrine]

On veut la suite!! Biz Sandrine